Qu’est-ce que je l’ai regardé ce mur, sans avoir le courage de grimper à l’échelle, qui au fur et à mesure des années a été caché par le lierre, qui pousse généreusement, le bois y est trempé des anciennes larmes tombées, de la mousse y pousse également.

Ce mur a été monté pierre par pierre par moi, car le seul moyen de trouver était de ne plus laisser personne me toucher et me blesser. Maintenant, les années ont passé et je suis prête, là, maintenant à franchir mon mur et recouvrer ma liberté. Seule artisane de mon mur, je me décide aujourd’hui finalement, non pas à le franchir, mais à le détruire. Si je l’ai créé à force de larme et douleur, je vais le démonter à coups d’éclat de rire et de bonheur. Je m’arme de ma masse depuis longtemps prête pour l’occasion, et je frappe le mur d’un grand coup. Un bruit sourd retentit alors qu’il ne se passe absolument rien. J’approche mon visage du mur et entends comme le murmure d’une chose qui cède, qui ploie… J’aperçois des milliers de petites craquelures à la surface quand soudainement, le mur vole en éclats. Je ne le savais si fragile, avant que je ne le frappe, il était déjà sur le point de s’effondrer. Une carapace endommagée. Quand il s’écroule, je suis aveuglée par une lumière éblouissante. Il n’y en avait pas derrière mon mur, je vivais dans l’obscurité. Je cligne rapidement des paupières, essayant d’accoutumer mes yeux à cette vie éclatante. J’entends comme un son qui gagne en intensité peu à peu. Je l’écoute, il se précise, ce sont des voix, des mots échangés, des rires partagés. C’est enfin fini, je ne suis plus seule, je peux vivre entourée, voilà donc ma liberté.