La bobine
de Catherine
Ce qu’on lui a raconté :
Quand elle était très petite elle aimait les fêtes foraines. Si un cirque apparaissait à l’horizon, il fallait y aller. Les gens du village, disaient qu’elle riait aux éclats.
Quand elle voyait « un wawa » (un chien) elle courait pour le prendre dans ses bras. Quand un autre enfant apparaissait, elle voulait aller vers lui.
Quand elle eut, l’âge, à l’école, sa grand-mère l’accompagna. Elle hurla, se cramponna à sa jupe, pleura. La journée se déroula bien et elle en ressortit avec le sourire.
Encore plus tard, sans doute en CM1 et CM2 l’histoire débuta.
C’est elle qui l’a vécue et la raconte :
La phrase de Sartre, qu’elle ne connaissait pas et qu’elle étudierait plus tard, beaucoup plus tard, s’imposa « l’enfer c’était les autres ». C’est alors que le fil se tendit. Les plus grands qu’elle, les plus forts qu’elle, la bombardaient de mots qui font mal : elle était moche disaient-ils parmi d’autres méchancetés et cela se répéta, se répéta. Le fil avec les autres, se rompit. Elle devint un peu triste.
Elle le raconta à ses parents et son père décida d’intervenir auprès des plus forts, des plus grands qu’elle, pour leur signifier que cela devait cesser. Elle ne sait plus si cela cessa en revanche elle sut quand cela pris fin.
À 10 ans elle rentra, à 12 km de l’école primaire, au lycée public. Elle prit le car scolaire et entra en 6ème 3. En classe elle eut beau regarder autour d’elle, elle ne reconnut personne. Des plus forts, des plus grands, aucun ne l’avait suivie. C’est là qu’elle décida que plus personne ne pourrait lui dire des mots qui font mal. Le fil se détendit.
En 4ème, elle comprit au regard des autres que tout ce que lui avait dit ceux, qui se croyaient les plus forts et les plus grands, était faux. Le fil avec les autres se tissa à nouveau. Finie la sale bobine !
En 82, elle fit sa rentrée. Elle devint professeur. Depuis le fil se déroule.
Nous remercions
Nous remercions chaleureusement nos auteurs de faire don de leur histoire.